Mémorial de la Clairière de l'Armistice

 

Au lendemain de la signature de l'armistice du 11 novembre 1918 le gouvernement allemand et le Maréchal Hindenbourg se montraient satisfaits du résultat des négociations et remerciaient Erzberger, responsable de la délégation pour les services rendus à la patrie, souhaitant d'ailleurs sa participation au nouveau gouvernement.

Telle n'était pas l'appréciation de tous et les plénipotentiaires allemands à peine de retour à Spa au Quartier Général en Belgique on pouvait lire dans la Neue Badische Landes Zeitung :

" Il ne nous reste plus qu'un espoir, nous avons confiance qu'une paix conclue sur les bases d'un tel armistice ne sera pas de longue durée et qu'elle se vengera sur ceux-là même qui nous l'ont imposée. La liberté reconquise nous rendra assez forts pour déchirer plus tard une paix aussi injuste ".

Au lendemain de la victoire, nul ne pouvait donc ignorer s'il en était besoin l'esprit de revanche qui animait le peuple allemand. Il suffisait d'interpréter l'accueil triomphal réservé au retour de l'armée allemande à Berlin.

La conférence de la paix siège de janvier à juin 1919 et réunit vingt sept états alliés mais le travail d'élaboration du traité préparé par le Conseil des dix se réduit le plus souvent à un directoire de quatre membres : Lloyd Georges pour le Royaume Uni, Orlando pour l'Italie, Wilson pour les États Unis et Clémenceau pour la France.

Les contradictions apparaissent d'emblée entre alliés.

Au titre des clauses économiques et financières, l'Allemagne se voit imposer le paiement des réparations prévu dans l'article 231 qui rappelle les dommages causés aux Alliés et dont l'abrogation sera réclamée en vain par les Allemands.

En France, l'opinion prévaut que les garanties obtenues contre un éventuel retour offensif de l'Allemagne sont insuffisantes alors qu'en Grande Bretagne et aux États Unis le traité est jugé excessif. Il en avait été de même au moment de l'élaboration de la convention d'armistice. A cet égard, le sénat américain refusera de ratifier le traité le 20 novembre 1919.

Ainsi donc, le traité de Versailles n'apportera aux problèmes légués par la guerre qu'une solution provisoire. Dès lors effacer le " diktat " de Versailles deviendra l'un des objectifs majeurs de la nation allemande et plus particulièrement des nationaux socialistes du IIIè Reich.

Cet état d'esprit joint à l'incapacité des alliés de mettre en place une véritable Société des Nations va créer les conditions d'une marche à la revanche qui entraînera à nouveau le monde dans la guerre en 1939.

Le traité de Versailles, document imprimé pour la première fois, ne comporte pas moins de quatre cent quarante articles rédigés en français et en anglais représentant en tout deux cent douze pages et demie de texte.

La mission de l'impression fut confiée à l'Imprimerie Nationale.

Le traité authentique fut apporté au Quai d'Orsay et confié au Service du protocole chargé d'y apposer les sceaux traditionnels.

Le recueil par avance des anneaux et des sceaux de tous les futurs signataires fut confié à la responsabilité de Monsieur William Martin et sous la direction de Monsieur de Fouquières.

Quand tout fut rassemblé et prêt, Monsieur de Fouquières, précautionnement, se chargea du traité confié à son service qu'il devait le lendemain emporter à Versailles.

Qu'est devenu ce document par la suite ?

En 1940, un certain Karl Epting, collaborateur fidèle d'Otto Abetz et ancien directeur du bureau parisien de l'Office allemand d'échanges universitaires dans les années 30 prend connaissance des archives du Service des oeuvres françaises à l'étranger entreposées dans les châteaux de la Loire.

Se rendant sur place, il découvre effectivement pas moins de sept châteaux remplis de caisses d'archives du Quai d'Orsay emballées en toute hâte à l'approche des troupes allemandes.

Au château de Rochecotte, commune de Saint-Patrice, près de Langeais, Epting, à sa deuxième visite, est attendu par deux délégués du ministère des Affaires Etrangères, l'ambassadeur Dejean et le ministre de Robien qui tous deux préféraient superviser les trouvailles allemandes .

Ils lui signalèrent des caisses particulières déposées dans le grenier. Aussi, la surprise d'Epting est-elle considérable car dans les quelques deux cents à trois cents caisses se trouvent conservés les traités historiques de la France, dont celui de Versailles.

A défaut d'un mandat allant clairement dans ce sens, il renonce à ramener le document à Paris. Il y retournera plus tard assisté d'un commando de la Geheime Feldpolitzei pour prendre possession des originaux des Traité de Versailles et Saint-Germain en Laye.

Au terme de luttes internes, Otto Abetz finira par acheminer un courrier spécial à destination de Ribbentrop à Berlin et s'arroger ainsi le monopole d'un véritable triomphe sur le diktat de 1918.

Au château de Chambord, outre les tableaux (1500 pièces) figurait également la table sur laquelle le traité de Versailles avait été signé.

Le Feld marchal Von Brauchitsch ayant connaissance de projet de récupération s'y oppose. La Wehrmacht, et plus particulièrement le Commandement en France se sont toujours opposés à ce pillage organisé.

Le traité de Versailles fut présenté après juin 1940 sur la table dans le wagon du Maréchal Foch exposé au Lustgarden à Berlin mais ne figurait plus dans cette voiture à Ohrdruf en forêt de Thuringe.

 

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